L’axe DRM-M&R (Management et Régulations) regroupe des chercheurs qui ont pour point commun de s’intéresser à l’action collective organisée, appréhendée sous différents angles : micro et macro, intra-organisationnel et inter-organisationnel, économique et social.
Une autre de ses caractéristiques stables est son orientation praxéologique, pas simplement parce qu’on y analyse l’action humaine mais aussi parce qu’on vise le développement de connaissances scientifiques qui puissent servir de repères pour l’action, par l’étude de l’effet réel de pratiques situées, l’enrichissement des cadres théoriques sous-jacents, des états de littérature et la discussion de leurs implications pratiques, notamment en termes de règles d’action.
Il en résulte une forte articulation institutionnelle avec les milieux socio-économiques. L’axe est ainsi associé :
à deux chaires d’enseignement et de recherche : chaire Confiance, Coopération et Management et chaire Gouvernance et régulation. Ces chaires sont fondées sur, et établissent, des liens étroits entre des chercheurs et les sphères décisionnelles d’organisations diverses (Autoroutes et Ouvrages Concédés, Ecologic, Enedis, Engie, Groupe ADP, INRAE, Intermarché-Netto, MAIF, Malakoff-Humanis, RATP, RTE, Sanofi, SNCF, etc), liens qui nourrissent l’articulation science-société et, ce faisant, l’utilisation des connaissances et de la démarche scientifiques dans les prises de décision ;
au Club des Régulateurs qui regroupe les autorités de régulation qui souhaitent coopérer sur les enjeux institutionnels, organisationnels et méthodologiques qui leurs sont communs.
Enfin, L’axe DRM-M&R se caractérise par son fort usage (même si non exclusif) des méthodologies quantitatives et son intérêt croissant pour les méthodologies permettant d'analyser les données massives. Par exemple, l’Institut Applied Computational Social Sciences (ACSS) de PSL est hébergé à DRM dans l’axe M&R
Les recherches de l’axe DRM-M&R peuvent être regroupées en deux grandes thématiques :
Les dynamiques managériales face aux évolutions contemporaines
Les dynamiques de fonctionnement et de gouvernance des industries et des marchés face aux évolutions contemporaines
Thématique 1. Dynamiques managériales face aux évolutions contemporaines
Cette thématique réfère aux initiatives et travaux conduits par des membres de l’équipe sur des défis contemporains majeurs pour un management (incluant ses activités stratégiques, organisationnelles, d’animation et de contrôle) aux ambitions à la fois économiques et sociales. Ces initiatives et travaux s’articulent autour de cinq objets ou domaines :
La santé et le bien-être au travail. Des recherches quantitatives ont été engagés sur différentes facettes de ce défi : l’impact des horaires flexibles sur la conciliation travail-famille des femmes salariées ; le rôle du CHSCT dans la mise en œuvre de politiques de prévention des risques professionnels ; les conséquences de la division sexuée du travail sur l’absentéisme et le présentéisme féminins ; le rôle modérateur de l’âge dans la relation entre caractéristiques du travail et absentéisme ; les effets du lean management sur la satisfaction au travail et la santé au travail ; ou les déterminants de la qualité de vie au travail dans les offices notariaux.
La confiance et les nouveaux modèles de management. Les travaux menés sont à la fois conceptuels et empiriques : retour sur les relations de confiance et les systèmes de confiance tels qu’appréhendés par le sociologue James Coleman ; étude des conditions du développement et du maintien de la confiance à partir d’entretiens conduits au sein d’une collectivité territoriale ; exploration des déterminants et effets de la confiance des managers envers leurs collaborateurs à partir d’une enquête réalisée auprès d’un large échantillon des collaborateurs d’un grand distributeur ; état de la connaissance sur les fondements et défis du management par la confiance en qualité de modèle de management singulier ; étude des rapports entre numérique et confiance ou encore essai sur la place de la confiance et de la défiance dans le renforcement de la participation du citoyen dans la démocratie représentative.
La diversité et le management interculturel. Sont étudiés à ce niveau : la manière dont est traité le pluralisme religieux en situation de travail dans un contexte de laïcité ; la façon dont est géré le handicap invisible comme la dyslexie ; la place de la légitimité organisationnelle dans le conduite d’une politique de diversité ; la façon dont le management de la diversité prend forme dans différents contextes nationaux ; les liens entre management de la diversité, gestion du changement et performance organisationnelle ; ou encore les tendances et évolutions en matière de management interculturel.
Le leadership et l’inclusion. Des travaux ont été réalisés sur les rapports entre leadership authentique et politiques d’inclusion, sur la « falaise de verre » chez les femmes leader ou encore sur l’utilité des quotas pour développer le leadership au féminin.
La stratégie et l’effectivité des business models. Les travaux des membres de l’axe portent sur : les conséquences des scandales sur la concurrence organisationnelle ; les effets du sponsoring public sur la performance organisationnelle ; le lien entre spécialisation institutionnelle et survie organisationnelle, en s’appuyant sur le cas de l'industrie cinématographique française ; l’émergence et le traitement de l’ambiguïté environnementale dans le développement des business models ; les rapports entre stratégie et intelligence artificielle ; la souveraineté numérique européenne ; les business models de plateformes ; les stratégies des business schools ; ou encore les erreurs stratégiques de Carlos Ghosn.
Dans cette thématique, et sur la période 2017-2022, 20 thèses de doctorat ont été soutenues ainsi que 16 thèses d’EDBA.
Thématique 2. Dynamiques de fonctionnement et de gouvernance des industries et des marchés face aux évolutions contemporaines
Cette thématique réfère aux initiatives et travaux conduits par des membres de l’équipe sur les mécanismes de régulation des marchés et des industries, pour une meilleure compréhension de la dynamique, des modalités et des performances de la régulation. Les travaux se concentrent sur les défis techniques, organisationnels et institutionnels que doivent relever les différents acteurs concernés par la régulation dans quatre domaines :
La transformation numérique. Sont étudiés à ce niveau la gouvernance numérique et la régulation des plateformes numériques. Le numérique tend à transformer radicalement les capacités de traitement et de circulation de l’information, et donc de coordination. L’accès transparent et ubiquitaire à l’information, le traitement juste-à-temps et adaptatif de celle-ci, l’utilisation de moyens algorithmiques, transforment les problèmes et les capacités de gouvernance collective, conduisant à une remise en cause des mécanismes traditionnels de coordination, dont l’État. Sont étudiées dans ce contexte les nouvelles formes de gouvernance plus réactives et décentralisées, adaptées à des sociétés caractérisées par des modes de coordination plus agiles et personnalisés. En ce qui concerne la régulation des plateformes numériques, les recherches portent sur les modalités de mise en œuvre d’une gouvernance responsable tout en permettant l’innovation et sur la question de l’effectivité de l’action publique et de son articulation avec les contraintes de compétitivité.
La transition écologique. La transition écologique impose le développement de systèmes de mobilité et de systèmes énergétiques plus « multimodaux » et « décentralisés ». De nouveaux entrants apportent à cet effet de nouvelles technologies et de nouveaux modèles d’affaires qu’il faut alors articuler avec les moyens des opérateurs traditionnels. Les recherches portent sur les nouveaux modes de coordination techniques et économiques dans ce contexte.
L’économie circulaire. Les travaux traitent des possibilités d’innovation des acteurs économiques dans un cadre hors marché ou sous la supervision d’une autorité de régulation et apportent un éclairage sur la manière dont les entreprises perçoivent les règlementations environnementales, mais aussi les opportunités et les risques.
La gouvernance publique. Les travaux portent ici sur les relations entre institutions publiques et politiques, société civile et marché, et s’articulent autour de projets de recherche variés, comme : l’étude d’archives administratives ou historiques permettant d’étudier sur longue période la régulation de l’industrie et des marchés, et ses conséquences ; l’analyse des interactions entre institutions économiques et politiques ; le comportement des élus politiques et les implications sur les politiques publiques ; la fabrication des politiques européennes à travers le prisme de l’étude détaillée du processus législatif et des consultations publiques ; ou encore la comparaison des politiques réglementaires entre pays de l’OCDE.
Dans cette thématique, et sur la période considérée (2017-2022), 5 thèses ont été soutenues.
La thématique « Dynamiques managériales face aux évolutions contemporaines » a, au titre de l’expertise de ses membres :
Remporté en 2022 un appel d’offre lancé par la Technopole de la Réunion pour la réalisation d’un état de l’art et la conduite d’une enquête sur la qualité de vie au travail dans les Offices Notariaux.
Accompagné Intermarché-Netto entre 2019 et 2022 pour une analyse de la gestion des interactions entre le Siège et ses Régions, pour la mise en place d’un Management par la coopération et pour sa transformation culturelle, dans le cadre de sa participation à la Chaire Confiance, Coopération et Management
Participé en 2022 à la mise en place par la direction de la Formation de l’INRAE de son Learning Lab
Participé en 2022 à une table ronde organisée par le ministère de l’Intérieur et des Outre-Mer dans le cadre du Beauvau de la Sécurité
Organisé une journée pluridisciplinaire sur l’action organisée puis dirigé un ouvrage collectif publié en 2022 sur la conduite et les fondements de l’action organisée, qui prend appui sur l’œuvre du sociologue américain James S. Coleman.
Continué à organiser le Workshop Organizational Behavior, réunissant chercheurs et doctorants internationaux
Organisé de nombreuses conférences et workshops sur le thème de la confiance (confiance et santé au travail ; facteurs de la dynamique de la confiance ; governance and trust ; confiance, performance économique et territoire ; confiance et réseaux économiques en Suisse ; Confiance et entrerises libérées ; Confiance et éthique ; Créatrivité organisationnelle et confiance, etc) avec des chercheurs anglo-saxons et francophones et praticiens, qui ont donné lieu à plusieurs productions à destination de chercheurs et de praticiens
Par ailleurs, l’International Federation of Scholarly Associations of Management (IFSAM) a attribué son premier prix « IFSAM Award for Exceptional Service to the Management Field Worldwide » conjointement au professeur émérite Jean-François Chanlat, Université Paris Dauphine-PSL et au professeur Pawan Budhwar, Aston Business School, Royaume-Uni. Ce prix récompense les services significatifs et durables rendus à la communauté scientifique du management dans le monde entier par des professeurs de renom.
La thématique « Dynamiques de fonctionnement et de gouvernance des industries et des marchés face aux évolutions contemporaines » a, au titre de l’expertise de ses membres :
Réalisé en 2020 et 2021, une recherche sur les modèles d’affaire, la concurrence et la régulation sur le marché des Complémentaires Santé, dans le cadre d’un contrat de recherche financé par la Fédération de la Mutualité Française. Au-delà d’un rapport et de la production de working papers (en voie de publication), un colloque sur le rôle des complémentaires dans le financement et la gouvernance du système de santé a été organisé en janvier 2021, réunissant académiques et parties prenantes et autorités de santé.
Organisé plusieurs ateliers et conférences, en coopération notamment avec le Conseil d’État, le ministère de l’Économie et des Finances, l’European University Institute et l’OCDE sur la Régulation du Numérique. Ils résultent en des publications et des contributions à la décision publique.
Organisé, de nombreuses conférences avec les régulateurs et les parties prenantes sur les enjeux de la décarbonation pour les secteurs de l’énergie et du transport (nouvelles régulations, nouveaux modèles d’affaires, contraintes d’investissement et de R&D). Ces conférences nourrissent des publications à destination d’un public de décideurs et d’analystes, mais aussi plusieurs thèses en cours sur les nouvelles mobilités ou les systèmes énergétiques décentralisés.
Approfondi le partenariat avec le Directorate for Public Governance de l’OCDE sur la gouvernance des industries et des marchés, notamment dans le cadre du NER (Network of Economic Regulators ) qui réunit les régulateurs de l’OCDE et développe des travaux sur l’organisation et les modalités d’intervention des agences de régulation, l’organisation des pouvoirs publics, et les relations avec les opérateurs de marché (énergie, communications électroniques, transport, eau, notamment). Cette coopération nourrit des travaux tant sur la gouvernance publique que sur les stratégies non-marchandes des entreprises.
Continué à organiser l’école de printemps IOEA (Institutional and Organizational Economic Academy) qui existe depuis 2002 et réunit chaque année 20 conférenciers de haute niveau et 50 à 60 auditeurs (doctorants et post doctorants), représentant plus d'une trentaine de nationalités. C’est une école interdisciplinaire réunissant des chercheurs relevant de toutes les sciences sociales et intéressés par les organisations et les institutions.
L’axe DRM-M&R prévoit de pérenniser ses activités de recherche autour des deux thématiques correspondant aux champs d’expertise de l’équipe telle qu’elle a évolué : les dynamiques managériales face aux évolutions contemporaines et les dynamiques de fonctionnement et de gouvernance des marchés face aux évolutions contemporaines. Sa perspective est à la fois analytique et empirique, et s’inscrit dans la construction et la mise à l’épreuve de théories de l’action finalisée qui s’intéressent aux acteurs, à leurs actions intentionnelles et aux outputs et outcomes qui en résultent, que ces acteurs soient individuels ou collectifs, et que leurs pratiques ou activités soient intra-organisationnelles ou inter-organisationnelles. La stratégie de l’axe est à la fois intentionnelle, dans le choix de ses domaines et méthodologies de prédilection, et émergente, en autorisant et promouvant la saisie de nouvelles opportunités de recherche et de coopération scientifique dès lors qu’elles demeurent dans son périmètre d’expertise.
En ce qui concerne la première thématique, dynamiques managériales face aux évolutions contemporaines, les projets continueront de porter sur différentes facettes du management dans différents contextes, en focalisant sur trois domaines, incluant leurs interactions : (1) la confiance, la coopération, le bien-être et les nouveaux modèles de management ; (2) le leadership et l’inclusion ; (3) la stratégie et l’effectivité des business models. A titre d’exemple :
Un groupe thématique de recherche est en cours de constitution, qui regroupe des chercheurs dauphinois et des chercheurs d’autres établissements d’enseignement supérieur, autour des problématiques de la confiance interpersonnelle et inter-organisationnelle.
Un projet de recherche est en cours de montage sur les pratiques de leadership et d’organisation des unités de recherche d’un grand institut de recherche, sur leurs fondements et sur leurs effets, tels que perçus par les directeurs d’unités et leurs équipes. Cette recherche part du constat, effectué dans le cadre de diverses interventions auprès de directeurs d’unités de recherche, d’un mal-être qu’il s’agira d’évaluer et de comprendre, dans la perspective d’actions concrètes.
Des travaux sont en cours sur les effets de la confiance donnée par les managers sur les ressentis des collaborateurs,
D’autres travaux sont toujours en cours sur l’articulation entre confiance, coopération et bien-être au travail,
Des travaux sont à l’étude sur les effets réels d’un management par la confiance sur le niveau de confiance interpersonnelle et organisationnelle, et sur les effets réels d’un management par la coopération sur la coopération interpersonnelle et inter-services.
Des travaux sont à l’étude sur la fabrique des décisions stratégiques dans la sphère publique
En ce qui concerne la seconde thématique, dynamiques de fonctionnement et de gouvernance des marchés face aux évolutions contemporaines, les trois domaines que constituent la gouvernance publique, la transition écologique et la transformation numérique continueront d’être approfondis, y compris dans leurs interactions (e.g. la transformation numérique comme condition nécessaire de la transition écologique pour piloter des systèmes distribués complexes). On peut noter :
Le développement d’une coopération avec la DG EcFin (Economic and Financial Affairs) de la Commission Européenne. Eric Brousseau y est nommé « research fellow » à compter de 2023 et préside le conseil scientifique de la conférence annuelle de cette organisation qui réunit académiques spécialistes des organisations et des institutions et experts économiques de l’ensemble des institutions européennes.
Le développement dans le contexte de l’Institut ACSS d’un ensemble de bases de données permettant de tracer et d’analyser l’ensemble des contributions au processus législatif européen depuis le début des années 2000 (travaux de la Commission, contributions aux consultations publiques, débats au Parlement, versions successives des textes adoptés). De nombreux résultats sont attendus en matière d’analyse des stratégies hors-marché des entreprises ainsi que d’analyse de la conception des politiques européennes.
La participation à un consortium de recherche, financé par le PIA 3 via l’ADEME et impliquant BlaBlaCar, Paris School of Economics et l’Essec, sur le développement d’une plateforme multimodale de transport longue distance combinant covoiturage bus et train. Des travaux impliquant deux doctorants, deux post-doctorants et un ingénieur en sciences des données sont menés pour analyser la transformation du modèle d’affaires de BlaBlaCar en lien avec le comportement des usagers.
Le développement d’un programme de recherche sur la régulation des technologies émergentes, en particulier autour du Metaverse, de l’Intelligence Artificielle et du Web 3, grâce à des financements d’entreprises comme META, et en coopération avec un réseau de recherche pluridisciplinaire (partenariats avec Stanford, Berkeley et l’EUI, ainsi que plusieurs universités européennes).
Le développement d’un programme de recherche sur les modèles économiques du partage des données grâce à une thèse financée par le programme « Dauphine Numérique » ainsi qu’un partenariat initié avec GAIA-X (consortium industriel développant avec le soutien des pouvoirs publics une infrastructure de partage de données au plan européen).
La participation d’Henri Isaac au programme de recherche RED-ROSES (Responsive, Data ecosystem for Resilient and Operational Security) piloté par la Croix-Rouge portant sur la conception d’un modèle de gouvernance des écosystèmes de données dans les crises transfrontalières.
Il est aussi prévu de continuer d’investir sur les méthodologies de traitement de données massives au service des sciences sociales, nouvelle thématique transversale de l’axe DRM-M&R
Cela se matérialise notamment par l’hébergement des 5 ingénieurs de sciences des données de l’Institut ACSS au sein de DRM M&R et un travail étroit avec plusieurs enseignants-chercheurs de l’équipe.
D’autres travaux, en coopération avec l’ARCOM, analysent les contenus des messages publicitaires dans l’audiovisuel français depuis le début des années 2010, tant pour prendre en considération différentes dimensions sociétales que pour analyser l’évolution des stratégies de communication des entreprises.