Dans le contexte américain, on attribue communément la co-fondation du management comme « science administrative » à Herbert Simon qui, à la moitié du 20ème siècle, prend le contre-pied des économistes en démontrant qu'un individu a une rationalité limitée. Cette approche novatrice (au coeur d'une école américaine du management) s'éloigne de la vision classique des économistes mais pour autant doit-elle être considérée comme l'émergence d'une discipline à part entière ? Au-delà de la fondation, quelles dynamiques plus institutionnelles peut-on relever dans l'élaboration d'un système américain de fabrique des connaissances managériales (intégré à la fois dans des sociétés savantes, des business schools, des cabinets de conseils, des acteurs des politiques publiques) ? Si l'objet d'étude reste le même, à savoir la décision humaine, comment légitimer d'un point de vue épistémologique la distinction introduite ? Avec la méthodologie ? Le terrain d'étude ? La justification phénoménologique ? L'engouement des scientifiques ? Des entreprises ? Toutes ces questions constituent un tout et ce tout doit être analysé de manière contextuelle afin de déterminer les éléments fondamentaux qui ont érigé le management en tant que science dans le contexte américain. Le projet de thèse a pour vocation d'étudier le phénomène historique de l'émergence du management américain, plus particulièrement sur l'institutionnalisation des organisations scientifiques de management dans l'optique de saisir les phénomènes de légitimation des connaissances et pratiques managériales.