Défendant une approche polyphonique, le projet de recherche de MOST vise à répondre de manière élargie aux enjeux sociétaux contemporains. Il s’agit en outre d’affirmer le rôle et la responsabilité de la recherche en Management à produire une connaissance sur et pour le Management qui s’adresse à une communauté étendue de parties prenantes. La connaissance développée n’est pas destinée de manière exclusive ni même privilégiée aux acteurs dominants. Le travail critique de dénaturalisation et de dénonciation des tenus pour acquis des pratiques s’entend comme une démarche indispensable préalable à l’identification des alternatives aux approches traditionnelles du management. Les visées transformative et performative sont donc clairement inscrites dans le programme de recherche.
Cet examen de la responsabilité sociétale du management passe d’une part par l’exploration des dynamiques et des enjeux du management contemporain. Il repose d’autre part sur l’identification et l’évaluation des formes alternatives d’organisation de la société et de production de la connaissance en management.
Dynamiques et enjeux du management contemporain
Les travaux menés visent à caractériser les modalités de changement et les conditions de développement de nouvelles dynamiques stratégiques, organisationnelles et managériales.
Par exemple certains travaux menés au sein de MOST portent sur les dynamiques de concurrence, de coopération et de gouvernance entre différents types d'acteurs (relations entre concurrents clients-fournisseurs, complémenteurs…) selon une perspective longitudinale et multi-niveaux. Le projet de visiting de six mois de Gwénaëlle Nogatchewsky au sein de l’Amsterdam Research Center in Accounting (ARCA) de l’université Vrije s’inscrit dans cette thématique. Ses projets de co-écriture, notamment autour des boundary spanners, avec le Prof. H. Dekker, spécialiste du contrôle inter-organisationnel, permettront de développer la visibilité internationale des travaux de MOST dans ce champ de recherche.
Les enjeux sociaux et environnementaux sont également au cœur des dynamiques du management contemporain. La Responsabilité Sociale de l’Entreprise (RSE) attire aujourd’hui l’attention de nombreux dirigeants d’entreprise. Cet élargissement des questions stratégiques aux dimensions environnementales et sociales ouvre un champ de recherche très important et soulève de nombreuses questions de recherche : par quels dispositifs le déploiement de la RSE est-il assuré et comment s’articulent-ils avec les dispositifs économiques et financiers existants ? Comment les acteurs sont-ils impliqués dans le processus de pilotage de la RSE ? Comment les parties prenantes se mobilisent-elles ? Les recherches menées à MOST visent à interroger les limites des approches fonctionnalistes et instrumentales de la RSE et à identifier les dynamiques managériales, organisationnelles et institutionnelles à même de soutenir le développement durable de l’économie et de la société. Par exemple, un projet porté par Frédérique Déjean étudie la construction sociale du marché français de l’investissement socialement responsable. L’organisation du 12ème congrès du RIODD en octobre 2017 à Dauphine, sera l’occasion de mobiliser les membres de MOST, et plus globalement les chercheurs et doctorants de DRM, autour de cette thématique interdisciplinaire du Développement Durable. Enfin, l’accueil au sein de MOST à partir de novembre 2017 d’un professeur contractuel international, Rajiv Maher, contribuera à nourrir ce champ d’investigation grâce à ses thématiques de recherche sur les interactions entre les stratégies RSE des grandes entreprises et l’engagement des communautés locales et des mouvements sociaux, en Amérique Latine en particulier.
Approches et formes alternatives du management
Enfin, le programme de recherche de MOST vise à contribuer de manière active à proposer des alternatives aux approches traditionnelles du management que ce soit au niveau des pratiques, de la pédagogie ou des démarches de recherche de cette discipline.
Plusieurs thèses encadrées au sein de MOST portent sur des organisations qui se définissent comme des alternatives aux modèles organisationnels traditionnels : les tiers lieux dans le secteur du théâtre, les coopératives d’activités et d’emploi, les organisations sociales au Brésil, les organisations féministes en France.
L’examen de ces formes alternatives d’organisations, des principes sur lesquels elles se fondent (entraide, partage, démocratie, émancipation) ou des idéologies qu’elles construisent (entreprises libérées, sharing economy, caring economy) constitue un axe important du programme de recherche de MOST guidé par les questions suivantes : Dans quelles mesures ces modes d’organisation et de gestion sont-ils des alternatives viables et pérennes au modèle capitaliste et néo-libéral ? Dans quelle mesure les formes alternatives de management permettent-elles aux individus de s’émanciper du carcan de modèles organisationnels jugés trop individualistes, bureaucratiques ou managériaux ? Dans quelle mesure ces « nouvelles » formes d’organisations sont-elles elles-mêmes susceptibles de générer de nouveaux modes de contrôle et de domination ?
Un workshop, organisé en partenariat avec la Fundação Getúlio Vargas (FGV) de São Paulo se tiendra les 16 et 17 octobre 2017 sur le thème de l'alternative en théorie des organisations. L’enjeu de ce workshop est d’une part de présenter des pratiques organisationnelles considérées comme alternatives, et d’autre part d’analyser leurs perspectives de changement réelles. Les questions suivantes seront au centre des débats de ce workshop : Quelles sont les modes de gestion et d’organisation qui aujourd’hui cherchent à se substituer au modèle managérial de la société néolibérale ? Comment analyser les promesses des pratiques et des organisations dites alternatives qui prétendent vouloir réformer en profondeur les modes de production capitalistes ?
Dans le cadre de la Global Fashion Management Conference qui se tiendra à Paris en 2019, une session thématique sur« Alternative fashion management » est également en cours d’élaboration.
Ces projets participent au projet de MOST d’identifier des modalités d’expression et des dynamiques d’action alternatives et émancipatrices dans le champ du Management. Ils entendent ainsi poursuivre et valoriser au niveau international les réflexions menées depuis plusieurs années au sein de MOST sur les approches critiques de la pédagogie du management et sur des alternatives méthodologiques par la mobilisation de l’art dans la pédagogie et dans les méthodologies de recherche.
Quelques thèses en cours
Lan Anh Hoang, Women leadership and CSR in developing countries, sous la direction de Gwénaëlle Nogatchewsky et Antoine Blanc.
Léa Dorion, Théorie Queer et approches critiques de la théorie des organisations : entre subversion et émancipation. Le cas des organisations féministes, sous la direction d’Isabelle Huault
Guillaume Flamand, « Former à l’organisation par l’art pour un retour vers un fondement pratique : Une analyse critique de l’usage de l’art dans la Management Education » sous la direction de Véronique Perret
Laure Leglise, Les enjeux de l’articulation des échelles globale et locale : le cas des stratégies d’entreprise pour lutter contre la pauvreté dans les pays du Sud, sous la direction de Véronique Perret
Marcela Murarova, Responsibility of banks in soft-law regulation through a neo-institutional perspective, sous la direction de Nicolas Berland
Marie Redon, « L'évolution des directeurs financiers au regard de la financiarisation de l’entreprise » sous la direction de Nicolas Berland