Contrat ANR IDEOMM : « Industriation de matières issues de déchets organiques et minéraux pour la filière mode »
Colette Depeyre, coordinatrice principale du projet pour DRM-MOST
Le terme d’industriation invite à revenir aux sources de l’industrie, qui définit les activités conceptrices et productrices de la société, afin de se détacher de pratiques dépassées par les exigences environnementales et sociales actuelles. Le projet s’appuie sur l’expérience du programme interdisciplinaire ENAMOMA de l’Université PSL, un engagement pour des alternatives mode et matière créatives et responsables via la collaboration de l’Université Paris Dauphine - PSL, l’École des arts décoratifs, Paris - PSL et Mines Paris - PSL. Il fait également suite aux expérimentations initiées par les collaborations d’un créateur de mode, Mossi Traoré, avec des acteurs industriels en recherche de solutions pour la revalorisation de déchets organiques et minéraux en boucle ouverte. Une première recherche exploratoire dans le cadre d’un projet pédagogique interdisciplinaire, a souligné l’importance d’avoir une approche de développement matière qui prenne en compte les conditions imposées par les déchets, tout en les transformant en un matériau d’opportunité à haut potentiel créatif et collaboratif. Le projet prévoit de prolonger et d’approfondir les expérimentations. Quatre étapes sont associées : (1) analyse comparative de démarches de revalorisation de déchets, organiques et minéraux ; (2) définition de pistes crédibles de développement matière avec une approche à la fois scientifique, stratégique, sensorielle et sociétale ; (3) expérimentations permettant de mettre à l’épreuve les applications envisagées en termes de matière et de filière ; (4) développement d’un support de diffusion pour une structure muséale, destiné à devenir un outil de formation immersif pour différents types de publics (jeunesse, étudiant, professionnel). Des retombées sont attendues à plusieurs niveaux, avec tout d’abord une contribution au développement de solutions de revalorisation à différents niveaux de maturité, avec une attention portée aux enjeux d’industrialisation et de cycle de vie au-delà de la mise en forme initiale du matériau. Le projet vise également à accompagner, par sa méthode, l’évolution du processus créatif dans la filière mode. Les acteurs repensent leurs pratiques à partir des enjeux environnementaux, avec l’émergence de personnalités créatives d’un genre nouveau, à même de faire des ponts entre des filières et entre des acteurs situés à différentes étapes de ces filières, et d’engager les consommateurs vers de nouveaux usages. La construction d’un récit associant mode et minéraux vise enfin à accompagner la transformation des pratiques par la formation.
Projet Cognition des Capacités Organisationnelles - C2O(ANR-10-IDEX-0001-02 PSL)
Colette Depeyre, responsable scientifique du projet pour DRM-MOST
À partir du début des années 1980, les activités de R&D ont fait l’objet d’intenses vagues de rationalisation qui ont permis d’accroitre de manière significative la performance des équipes de conception. Pourtant, depuis une dizaine d’années, les managers font face à des phénomènes surprenants de sous-performance. Les délais et les coûts de certains projets dérapent dans des proportions inattendues, et les ressources humaines de R&D, jusque-là préservées des problèmes de santé au travail, sont confrontées à des troubles psycho-sociaux parfois importants. De plus en plus de managers de centres de R&D s’interrogent ainsi sur ce qu’il est raisonnable et possible de demander à leurs équipes de conception.
Les sciences de gestion se sont saisies de cet enjeu avec le développement notamment d’un champ de recherche portant sur la connaissance des capacités organisationnelles (Eggers & Kaplan, 2013). Ces travaux montrent qu’il est difficile pour les organisations de connaître leurs propres capacités, même lorsqu’elles ont développé des expertises fortes et spécifiques, du fait de difficultés d’observation, de l’ambiguïté du lien à la performance ou encore de biais cognitifs. Et la question de la connaissance des capacités organisationnelles se pose de façon d’autant plus aiguë et critique pour les organisations qu’il semble que les performances passées augurent de moins en moins des performances futures. En outre, les exigences de l’environnement concurrentiel (pression à l’innovation, réorganisations menant à des évolutions soudaines dans les effectifs, reconfiguration de la répartition des activités dans les chaînes de valeur) semblent rendre plus fréquentes les situations d’ « oubli » ou de « désapprentissage », sans nécessairement que les organisations s’en aperçoivent.
Le projet C2O s’inscrit dans ce champ émergent en cherchant à comprendre comment une organisation peut se représenter ce qu’elle est capable de faire, ceci afin de mieux concevoir et organiser son activité présente et future.Cette question a déjà été analysée sur un cas extrême d’oubli organisationnel dans le cadre du travail doctoral de Frédéric Garcias , maître de conférences à l’Université Lille 1 et membre du projet. Ce cas est extrême car il présente plusieurs facteurs explicitement identifiés par la littérature comme étant des facteurs d’oubli organisationnel, et pourtant la caractérisation de la situation par les acteurs s’avère complexe et équivoque. On y décèle notamment une intrication des enjeux de maintien des capacités acquises et de développement de nouvelles capacités. La focalisation sur l’innovation peut comporter le risque de faire oublier aux acteurs … qu’ils oublient.
L’objectif du projet est de poursuivre l’analyse de ce cas extrême et de l’enrichir par un travail comparatif, afin de dégager une grille d’analyse susceptible d’éclairer des situations organisationnelles plus classiques et de mieux comprendre les leviers d’action des managers de projets complexes. Un workshop sera notamment organisé en septembre 2016 sur la thématique de la cognition des capacités et plus particulièrement sur les dynamiques d’apprentissage et de désapprentissage.
Le projet s’appuie pour cela sur des expertises complémentaires au sein de PSL. Cédric Dalmasso, professeur assistant au CGS (Mines Paristech) est porteur du projet. Colette Depeyre, maître de conférences à DRM, coordonne le projet côté Dauphine avec le soutien de Guillaume Bonhomme, recruté pour une durée de 10 mois comme ingénieur d’études à DRM.
L'art pour repenser les mutations critiques des organisations : enjeux pour le management- ABRIR-
Véronique Perret, coordonnatrice du projet pour DRM-MOST
Penser et agir dans le contexte des mutations critiques que traversent les organisations contemporaines demande d’autres outils que les méthodes analytiques et rationalistes classiques. La dimension sensible, dans ses aspects affectifs mais aussi politiques, doit être prise en compte.
Pour cela, s’appuyer sur l’art de façon active est une possibilité riche d’ouvertures. L’art, qu’il donne à percevoir des dimensions complexes et contradictoires du réel, ou qu’il y intervienne concrètement, est une force de transformation et de reconfiguration encore peu explorée par les disciplines du management.
Le projet ABRIR vise à investiguer des cas d’organisations en situation de mutations critiques (restructurations, délocalisations, transformations identitaires, fusions,…) en mobilisant deux sources de données complémentaires : d’une part, il s’agira de travailler sur la base d’études de cas réels d’interventions artistiques dans le contexte d’organisations en mutation ; d’autre part, une série d’œuvres artistiques renvoyant à des mutations critiques des organisations seront analysées.
Trois modes d’expression artistiques seront plus particulièrement ciblées : le théâtre documentaire, le film de fiction et les arts plastiques contemporains. Ce corpus de cas fictifs et réels, mobilisant différentes approches et modes d’expression artistiques, sera analysé au moyen d’une méthode d’investigation innovante, collective et dialogique, la méthode ABCD, qui permet de confronter les interprétations et les expériences.
L’objectif du projet ABRIR est de développer une méthode collective et dialogique, basée sur l’art, pour appréhender et formuler une connaissance pratique implicite, diffuse, et dissensuelle des situations de mutations critiques, et d’interroger en conséquence les représentations et les pratiques managériales et organisationnelles.
Le projet est mené conjointement par l’équipe Most du laboratoire DRM (Université Paris Dauphine), et l’équipe ACTE Art & Flux (Université Paris 1 La Sorbonne), avec la collaboration de la Chaire M-A-I (Mutations-Anticipations-Innovations) de l’IAE de Paris.
ACTE Arts, Créations, Théories, Esthétiques
DRM Dauphine Recherches en management
Aide de l'ANR 234 218 euros
Début et durée janvier 2014 - 42 mois
Programme ANR : Blanc - SHS 1 - Sociétés, espaces, organisations et marchés (Blanc SHS 1) 2013
Référence projet : ANR-13-BSH1-0007
For further information, read Dauphine Recherche n°15, Décembre 2013
ANR IMpACT - Travail Institutionnel, Management et Catégories Légales-
Isabelle Huault, responsable scientifique du projet pour DRM-MOST
Ce projet examine les processus par lesquels des acteurs du monde industriel contribuent à engendrer et (dé)légitimer de nouvelles catégories légales. Sur le plan empirique, nous analysons l'introduction de la problématique du développement durable (c'est-à-dire des attentes collectives selon lesquelles les entreprises devraient poursuivre d'autres finalités, au-delà de la seule création de profit) au sein de plusieurs industries; en particulier celles des énergies renouvelables et de la finance. Nous nous focalisons sur trois catégories émergentes liées à la problématique du développement durable, et qui sont objet de débat et de controverse : 1/ "la firme multi-finalités", laquelle réfère aux entreprises dont les missions et les activités ne sont pas seulement tournées vers la création de profit pour l'actionnaire mais visent à atteindre des buts soutenables pour l'ensemble de la société, 2/ une nouvelle forme organisationnelle que l'on peut qualifier de "partenariat hybride" entre acteurs privés et publics qui poursuivent collectivement un objectif partagé, tout en maintenant leur indépendance; 3/ la notion de "spéculation excessive" comme catégorie pouvant avoir des conséquences légales sur les acteurs de marché dans l'industrie financière, en ce qu'elle contraint et limite le montant et les types de leurs transactions. Sur le plan empirique, nous mènerons des études de cas sur les processus de génération de ces trois catégories en France, au niveau Européen et aux Etats-Unis. Les sources de données incluront principalement des entretiens, des observations participantes, des données d'archives et d'autres sources secondaires.
En termes de contribution théorique, nous entendons contribuer à la littérature sur l'émergence des catégories, à travers la notion de travail institutionnel; en particulier les leviers matériels et visuels de légitimation mobilisés par les acteurs. Nous souhaitons également relever la pertinence de l'analyse des interfaces entre management et droit. Sur le plan plus pratique, notre objectif est de développer une connaissance utile pour les acteurs publics et les entreprises, en participant à l'avancée de la recherche sur la question de la génération des catégories.
Partenaires
ARMINES (CGS) ARMINES Centre de Gestion Scientifique de Mines ParisTech
DRM Dauphine Recherches en management
TOTAL TOTAL Energies Nouvelles
Aide de l'ANR 397 878 euros
Début et durée octobre 2014 - 48 mois
Programme ANR : Droit, démocratie, gouvernance et nouveaux référentiels (DS0805) 2014
Référence projet : ANR-14-CE29-0008
Coordinateur du projet :
Madame Eva BOXENBAUM (ARMINES Centre de Gestion Scientifique de Mines ParisTech)